Aussi disponible en anglais en cliquand ici.
Avant
de rencontrer Ludovic, ma vision du
SIDA était, je pense, assez proche de la vision que se font
la plupart des Français
par rapport à ce fléau. Le SIDA était
pour moi un virus ayant ravagé, dans les
années 1990, l’ensemble de la planète.
Mais je restais dans l’idée
qu’aujourd’hui,
l’épidémie était
derrière nous et que les malades vivaient de
mieux en mieux avec le virus.
Les
hasards de la vie m’ont donc fait
rencontrer Ludovic Zahed. C’était en septembre
2008. Autour d’un café, ce
presque trentenaire me raconte son histoire et son projet de tour du
monde.
Ludovic est séropositif depuis plusieurs années.
Après avoir eu du mal à se
projeter dans l’avenir au début de sa
séropositivité, 13 ans après sa
contamination il décide de se lancer dans un tour du monde
d’une petite année
pour rencontrer les enfants atteints du sida et les associations qui
s’occupent
d’eux.
Les
objectifs de ce voyage étaient
multiples : recueillir des informations statistiques dans la
trentaine de
pays parcourus, aller à la rencontre des enfants pour leur
parler de la maladie
mais aussi offrir un témoignage des ravages actuels du virus
dans le
monde.
Ce
témoignage, Ludovic désirait le
transmettre par des photos, par un livre mais aussi par un reportage
vidéo sur
son périple. C'est ainsi qu'il m'a proposé de le
rejoindre sur plusieurs étapes
clés de son tour du monde : en Pologne, en Inde, au
Venezuela et en Afrique du
Sud.
Le
documentaire "Les enfants du
Sida" était en train de naître ! Le documentaire
n'a pas pour vocation
d'aborder les détails techniques et sanitaires du
VIH : nous ne sommes pas
spécialistes de la question. Nous nous sommes
focalisés sur les enfants, sur
leur manière de percevoir la maladie, de l'expliquer aux
autres, de vivre avec.
Très
rapidement, je fus frappé par la
force et l'espoir qu'a représentés Ludovic pour
ces enfants. Ce jeune homme,
atteint du Sida depuis plusieurs années, était
encore en vie, plutôt en bonne
santé et réalisait un tour du monde ! Pour eux,
cette perspective semblait
totalement impensable pour n'importe quelle personne sur cette terre
infectée
par le VIH. Un peu comme Ludovic il y a quelques années, ces
enfants n'arrivent
pas à se projeter dans l’avenir.
On
leur explique qu'avec les nouveaux
traitements, ils peuvent vivre longtemps. Mais en même temps,
ils voient leurs
proches, et notamment leurs parents, mourir du Sida. L'avenir pour eux
est donc
une notion excessivement compliquée et fluctuante. Une
enfant de 14 ans du
Venezuela nous racontait ainsi qu'il fallait considérer le
SIDA comme une
maladie comme une autre, qu'on pouvait quand même
réaliser sa vie, avoir une
famille... Puis, quelques minutes après, elle nous confia : "Je
pense
qu'avec cette maladie, je peux vivre encore au moins une
année".
Difficile
pour ces enfants de grandir
avec la maladie, de se construire avec elle. D'autant que de New Dehli
à
Caracas en passant par Johannesburg, partout, un constat s'impose : les
enfants
souffrent énormément de la discrimination. Pas un
seul séropositif interrogé,
pas un seul responsable d'association ne s'est pas plaint du regard des
autres.
Plus que toute autre maladie, le SIDA véhicule une image
fortement négative.
Car, aujourd'hui encore, aux yeux de millions de personnes partout dans
le
monde, être séropositif, c'est avoir eu des
relations sexuelles avant le
mariage, c'est avoir trompé son conjoint, ou être
homosexuel. Bref, avoir le
SIDA, c’est porter sur soi les conséquences de ses
erreurs ou de ceux de ses
parents. C’est être victime d’une
maladie, mais une maladie qui sanctionne un
comportement immoral, et que, donc, on a mérité.
Malgré
l’éducation qu’ils reçoivent
dans
ces structures et les discours très clairs visant
à les déculpabiliser, pour les
enfants séropositifs, le regard des autres et le poids des
valeurs morales l’emportent
trop souvent. A New Dehli, la responsable d’un orphelinat
nous expliquait que
les enfants avaient refusé d’aller passer une
journée dans un parc
d’attraction. Ils estimaient en effet ne pas
mériter d’aller s’amuser avec les
autres enfants. Les enfants
« normaux »…
Cette
chape de plomb sur le SIDA résulte
bien évidemment du mode de transmission principal de la
maladie. La sexualité
est au cœur du problème. C’est un fait.
Mais malheureusement, encore trop
souvent, la sexualité est considérée
comme le problème. Cette myopie cette
représentation distordue est principalement
portée par les croyances
locales et par les préjugés et une certaine
représentation des traditions et du
rapport à la religion, quelles qu’elle soit. Au
lieu d’encourager à l’utilisation
du préservatif, de nombreuses associations prônent
la fidélité et l’abstinence
avant le mariage. Exemple type au Venezuela, où 96% de la
population est
catholique. Ana Maria Castaneda, responsable d’un orphelinat
catholique, nous
explique très clairement : « En
tant que catholique, nous
n'acceptons pas les rapports sexuels avant le mariage. Je crois que,
plus que
promouvoir le préservatif, le plus important est de
promouvoir la fidélité, à
l'intérieur du mariage. Le préservatif
n'est pas complètement sûr,
seulement à 80%. Il peut se casser. Et le virus du sida est
plus petit que les
pores du latex avec lequel est fait le préservatif. »
Loin
d’être isolée, cette position porte
gravement atteinte à la lutte contre l’expansion
du virus. Au Venezuela, de très
nombreuses jeunes filles ont leur premier rapport sexuel dès
l’age de 12/13
ans ! Le malaise est palpable lorsqu’on discute avec
des personnes comme Ana
Maria. Ces gens-là consacrent leur vie à aider
des enfants séropositifs. On ne
peut mettre en doute leur volonté de bien faire. Mais une
telle position sur le
préservatif et sur les rapports sexuels hors mariage fait
tellement de ravages
qu’on ne comprend pas comment un tel discours peut encore
être aussi présent
dans ces pays décimés par le SIDA.
Face
à cette
situation, la parole des enfants infectés ou
affectés par la maladie prend une
tout autre ampleur. Pour la plupart nés avec le virus, ils
tentent de trouver
un équilibre entre leur propre rejet de cette maladie, le
regard des autres et
l’envie de grandir comme n’importe quel enfant.
Tant bien que mal, ils tentent
de comprendre d’où vient ce virus, comment et
pourquoi ils l’ont contracté et
comment ils peuvent faire pour vivre avec sans le transmettre.
Le
documentaire se
focalisera sur cet aspect humain, avec comme point d’approche
et d’accroche
Ludovic. Grâce à ce point de vue unique et
précieux, nous avons pu comprendre la
force que constituait son tour du monde ainsi que les espoirs et les
craintes
des enfants du Sida en 2009. Des craintes et des espoirs qui
évoluent au gré
des progrès médicaux et de la perception de la
maladie dans la société.
Car
tout le paradoxe
du SIDA aujourd’hui est là : les
progrès médicaux permettent aux
séropositifs, notamment aux enfants, de mieux vivre avec la
maladie, de pouvoir
espérer grandir et avoir une vie
« normale ». Mais
parallèlement, l’horizon
semble rester bien sombre : aujourd’hui encore, la
maladie est mal perçue
et, notamment dans les pays les plus touchés, les
populations les plus
défavorisées ne se protègent que
très peu. Le SIDA risque donc de continuer à
infecter de nombreux enfants pendant encore de longues
années.

samibattikh@gmail.com

disponible en librairie :
"Révoltes extraordinaires",
aux éditions l'Harmattan, Paris.

REVUE DE PRESSE
(English
below, click here)
TDMES a réalisé, durant trois ans, une
enquête exclusive autour du monde,
dans 29 pays, afin d'illustrer de la façon la meilleure la
prise en charge, ou
non, de ces enfants du Sida.
Le résultat de cette enquête ? Un livre et un
documentaire qui sont lancés sur Libération.fr, Dailymotion.com, le Ministère des Affaires étrangères et l'Agence Française de Développement ce 1er décembre 2011.
Afin
de découvrir ce livre et ce
documentaire* de 26 minutes au sujet des enfants du Sida, nous vous
proposons :
1er DECEMBRE
- Le
livre
intitulé "Révoltes extraordinaires; un
enfant du sida autour du monde",
sera
dédicacé au salon du livre "ensemble contre le sida" de
la mairie du 6ème à Paris
- 79 rue Bonaparte, Métro Saint Sulpice - de 14h
à 19h, grâce aux éditions CALEM.
5 DECEMBRE - Nous avons aussi l'honneur de
vous convié à la
projection du documentaire intitulé :
"Génération sida" à
l'Agence
Française de Développement
; inscription par email : homomusulmans@gmail.com
6 DECEMBRE - Nous avons également le
plaisir de vous convier à la
conférence
"sida et minorités : les doubles discriminations en
questions"
organisée par Respect
Magazine
à l'auditorium de la mairie de Paris de 19h à 21h
; inscriptions en cliquant ici.
JANVIER
2012 -
diffusion
du documentaire "Generation AIDS" à la
maison BASILIADE.
où
les
individus séropositifs sont accueilli-es,
conseillé-es, soutenu-es toute
l'année durant ; détails & inscription en
cliquant
ici.
* Ce
livre et ce documentaire peuvent être traduti et vendus par
les
associations soeurs de TDMES de part le monde, que
nous
remercions chaleureusement pour leur collaboration - la liste de toutes
nos associations soeurs.
____________________________________________________________________________________
ENGLISH
TDMES conducted for three years an exclusive survey around the world,
in 29 countries, in order to illustrate in the best way how children of
AIDS
are taken care of.
The result of this investigation: a book and a documentary that shall
be
launched on the
Dailymotion.com, Libération.fr, the Agence Française de Développement, the Minitry of foreign affairs websites on this 1st of
December 2011.
For the launch of that book and documentary*,
we are pleased to propose you
the following activities:
1st
DECEMBER
- The
book
called "Révoltes extraordinaires; un enfant du sida
autour du monde",
shall be available on the 1st of December and
dedicated at the city hall of
Paris 6, thanks to CALEM editor.
5th DECEMBER - Hence, we have the honor to invite you to the
screening of the documentary:
" AIDS Generation " (in French) at the French Development Agency;
registration by email:
homomusulmans@gmail.com
6th DECEMBER - We are also pleased to invite you to the
conference about double discrimination and minorities,
organized by Respect
Magazine at the
auditorium of the Paris City hall, Tuesday December 6th;
Details
& registration, clickhere
JANUARY 2012 - screening of the documentary
"Generation AIDS" at the BASILIADE house,
where HIV+ individuals are welcomed, counseled,
supported all year long;
Registration, click here.
Feel free to call us for more information.
Best regards.
*The book and the
documentary could be translated and sold by the sister organizations of
TDMES, we thank for their cooperation.